Ousseynou Sarr


Mossane

Comme un dimanche de métis,
Je t'appelle trois fois par ton nom, mon océan d'amour.
Trois fois par ton nom, je t'appelle mon dimanche de métis.
Toi qui exorcise le totem du fleuve Dioliba,
Voici le moment venu de t'aimer.
Dans une pluie d'été, je chante ta jeunesse et je chante ta beauté.
Dans un océan d'amour, et un champ de liberté,
Je sens, je respire le rythme du parfum de liberté.
Avec une voix érotique du soir, je te regarde avec un salut d'humanité.
Sourire de tous les jours, lumière de Dieu,
Laisse-moi le temps d'écouter la cantatrice universelle des Droits de l'Homme.
Trois fois par ton nom, je t'appelle ma noirde, songe, repos et sérénité,
Voici le moment venu de t'aimer.
Princesse rosée de plénitude, pacte des ténèbres,
Par un geste je t'appelle beauté.
Vieille comme l'histoire, vraie comme naissance
Belle comme une femme qui aime,
Je chante ta beauté, et je chante ta bonté.
Impression d'enfance, imagination libératrice,
Rythme et parfum de la poésie profonde,
Voici le moment venu de t'aimer.
Sagesse et sérénité, princesse des sérères, caresse le murmure
du fleuve Dioliba avec une inexprimable largesse de liberté.
Lèvres, saveur de mangue, sourire de tous les jours,
Regard au feu de brousse, je veux dire lumière de Dieu,
Je chante ta beauté et je chante ta bonté.

Ousseynou Sarr





Biographie


Né le 30 décembre 1949 à Dielmo (Sénégal)
Avec l'objectif d'intégrer l'acquis de diverses cultures et d'exprimer leur interfécondité dans ma création et mon expérience d'éducateur, j'ai vécu et travaillé dans la plupart des pays où j'ai exposé mes ceuvres avant de m'intaller en France en 1982 : Etats-Unis (San-Francisco), Brésil (Bahia), Canada, Suède, Sicile, Italie, Allemagne...

DÉCORS ET RÉALISATIONS ARTISTIQUES

  • DÉCORS
    Théâtre National de Sorano, Dakar (Sénégal)
    1965 à 1970
    . Décors et costumes des auteurs suivants
    Paul Claudel (Tête d'Or), Aimé Césaire (La Tragédie du Roi Christophe), Ousmane Sembene (Les Bouts de Bois de Dieu), Gogol (Pots de Vin et Consorts),
    Molière (Le Malade Imaginaire), Shakespeare (Mac Beth)...

  • SAN FRANCISCO
    1970 à 1972
    . Décorateur et costumier du chorégraphe Elvine Halley
    Une féérie Africaine
    Les Ballets Linguères
    Negro's Spiritual

ŒUVRES SUR COMMANDE
  • SÉNÉGAL
    1968 à 1969
    . Ministère de la Culture (Amadou Mackar Mbow) : Fresque en mosaïque de l'aéroport de Dakar
    . Ministère de l'Education Nationale : logo de l'Université Internationale Cheikh Anta Diop de Dakar
    1980
    . Enseignement catholique et ville de Dakar : Décor de l'auditorium Léopold Sedar Senghor de Dakar

  • FRANCE
    1980
    . Mairie de Beauchamps : Blason de la ville de Beauchamps
    1982
    . Sous la direction du Ministère de la Francophonie, participation à la fresque collective inspirée par le thème " Le Verbe ",
    exposée au Trocadéro.

DOMAINE ÉDUCATIF

  • SÉNÉGAL
    1966 à 1970
    . Professeur d'arts plastiques : Collège Sainte-Marie de Hann, Dakar Cours Jean de La Fontaine

  • FRANCE
    1981 à 1982
    . Création d'un centre d'animation culturelle et éducative
    - MJC de Chilly-Mazarin
    1982 à 1986
    . Professeur et animateur d'ateliers en arts plastiques pour adolescents -
    Service culturel de la mairie de Beauchamps
    1986 à 1988
    . Création de semaines culturelles (Afrique : Mali, Chili) avec jumelage des villes de Dima (Mali) et Chilly Mazarin - MJC de Chilly-Mazarin
    1988 à 1990
    .Animateur pour enfants au Musée de l'Homme du Trocadéro : mise en scène de contes sénégalais avec l'accompagnement de musiciens professionnels
    1992
    . Animateur au Centre pour handicapés physiques de Sainte-Dominique (Limoges) : création d'ateliers de théâtre, batik et teinture de tissus, percussions... Réalisations filmées par la chaîne RFO

FORMATION

    1965
    . Diplôme de l'Ecole Nationale des Arts du Sénégal
    1965 à 1967
    . Voyage d'Etude au Mali, Nigéria, Niger, Haute-Volta et Côte d'Ivoire...
    1990 à 1992
    . Préparation d'une thèse de doctorat en Philosophie à Paris IV (Sorbonne) sur le thème " Ethique et esthétique de la vie et de la mort des masques africains "

DIVERS

    . Musicien professionnel en percussions





Expositions personnelles

1974/1975 Théâtre National Sorano - Dakar - Sénégal
1975/1976 Maison de la Culture de Montréal - Canada
1979/1980 Galerie Bertrand Russel - Londres - Grande-Bretagne
1980/1982 Galerie Lelong Predigerplatz - Zurich - Suisse
1982/1984 Galerie Noy - Lausanne - Suisse
1984/1986 Galerie Art International Council - New York - Etats-Unis
1986/1988 Galerie Plaza City - Los Angelès - Etats-Unis
1989 Exhibition at the Georgetown Gallery - Philadelphie - Etats-Unis
1988/1990 Galerie C.A.E.L. de Bourg-La-Reine - France
1990 Galerie Black New Arts - Paris - France
1990/1991 Galerie Art Connections - Los Angelès - Etats-Unis
1991/1992 Galerie Etienne de Causans - Paris - France
1994 Galerie Art Miami - Etats-Unis
1995 Galerie Desgagnes - Québec
1997 Espace Minos - Soissons - France
1998 Galerie Fenêtre sur Arts - Lannion - France
1998 Galerie Four Seasons - Stockholm - Suède
1998 Galerie de la Butte - Octeville - France
1999 Galerie du Centre Paul Courboulay - Le Mans - France
2000 Centre Culturel Français Gaston Berger - Saint-Louis - Sénégal
2000 Espace Saint-Rémi - Bordeaux






Collections Privées

Léopold Sédar SENGHOR
Président de la République du Sénégal

Kofi YAMGNANE
Ministre de l'Intégration - Paris - France

Kiflé SELASSIE BESEAT
Fonds International pour la Promotion de la Culture - Paris - France

Etienne DE CAUSANS
Galeriste - Rue de Seine - Paris - France

Amadou MACTAR M'BOW
Directeur Général de l'UNESCO Paris - France

Jean DE GAULLE
Député de Paris - France

Patrick BLOCHE
Député de Paris - France

Monsieur et Madame Clément
Collectionneurs - Paris - France

Abdou DIOUF
Président de la République du Sénégal

Lucette ALBARET
Présidente de l'ADEIAO - Paris - France

Monsieur Alain DAVID
Collectionneurs - Paris - France

Antoine VILLENEAU
Galeriste - Paris - France

Madame LEININGER
Galeriste - San Francisco - USA

Alioune SENE
Ministre de la Culture du Sénégal

Marie-Laure CROIZIER DE LACVIVIER
Collectionneur - Paris - France

Alfredo RODRIGUEZ
Musicien - collectionneur - Paris - France

Archie SHEPP
Musicien - collectionneur - Paris - France

Lamine DIAKATE
Ambassadeur Unesco - Paris - France

Michel GUIOMAR
Collectionneur - Paris - France

Michel DESJARDIN
Physicien - Montréal - Canada

Amadou SECK
Directeur de l'Edition - Unesco Paris - France

Monsieur et Madame AMZELLAG
Collectionneurs - Paris - France

Badara DIOUF
Consulat Général du Sénégal en France

Monsieur et Madame BERTIIOMIEU
Collectionneurs - Bordeaux - France

Monsieur et Madame HAASER
Collectionneurs - Bordeaux - France

Monsieur Giancarlo PACINI
Galeriste - Turin - Italie

Monsieur et Madame GENTILLI
Collectionneurs - Rome - Italie





L'ordonnateur

Ousseynou, d'ici et d'ailleurs,
Destin sans honte d'un visage humain débordant l'ordinateur mécanique
Sous une pluie de mille couleurs épicées
Nourrissant la toile du tableau des mets cuisinés à la sueur du front
Créer, recréer, créer encore
Passeur d'idées luttant contre les forces du mal

Sarr, du Sin Salum universel
Tu vas à ta source, une et plurielle
Nous venons de source d'identités universelles
Loi des clans et des cliques et autres moustiques technocratiques
Ordonnateur domestiquant l'ordinateur devenu humain
Par la force des esprits poétiques du peintre musicien de tam-tam et jazz
Aux amoureux sur terre, mer et ciel

Ta bouche racine d'arbre renversé avec son tronc de trachée
Ses branches de bronches soutenant les feuilles alvéolées
De ton poumon rempli d'air, peinture et poisons de délices
Restitue à la toile et ta vie et ton oeuvre qui tissent
Les rendez-vous du donner et du recevoir à l'infini


Toutankhamon d'Afrique du nord d'Égypte à l'Afrique du sud
De l'ouest Sénégal et à l'est Ethiopie
Toujours lumières, commencement et liberté
Des liens et des chaînes de totems et de vérités nues
Que les pinceaux de ton métier habillent de tissus
Créant les trames du futur sur le socle de ton présent et passé

Killé Sélassié Béséat





OUSSEYNOU SARR revisité,
l'homme des couleurs


Il y a une quinzaine d'années, j'écrivais qu'il était clair que chez Ousseynou Sarr la passion de peindre se confond avec celle de vivre pour Soi et pour les Autres. Exister est pour lui garder confiance en Soi et dans l'Autre. L'ensemble des tableaux qu'il expose aujourd'hui, peints à partir de 1994, pour témoigner, face au génocide du peuple rwandais, notre douleur et notre souffrance - les siennes comme celles du reste du monde - en constitue au double sens du terme une belle illustration.

Une belle illustration au sens figuré du terme d'abord. Les formes, les couleurs et l'ensemble des matériaux utilisés pour faire parler la toile semblent de toute évidence marqués par un haut degré d'équilibre et d'harmonie sobre. On sent de manière quasi physique que le peintre a atteint une grande maturité et une maîtrise épurée de ce qu'il nous offre à voir. Par rapport au thème traité sa peinture joue, de manière palpable, une fonction apaisante.

Elle sacralise l'innommable en humanisant et anoblissant le message des victimes aux vivants pour que de tels actes soient à tout jamais bannis.

S'il est vrai que dans ses oeuvres antérieures la part de choc et de tension que l'on sentait dans les ingrédients qu'il " cuisinait " pour nourrir notre vision et notre esprit, on sent au contraire dans sa phase de création actuelle une tension apaisée, allégée, tant par la lumière paisible que ses couleurs dégagent que par la sobriété des formes qu'il extrait du silence qui habite la toile avant qu'il ne s'en empare pour lui faire dire et témoigner ce qu'est le vacarme de l'univers.

A ce stade l'illustration du tableau passe du figuré à l'abstrait, de la mutité au langage poétique. La série de tableaux sur le Rwanda met, en effet, en évidence que dans la relation qui existe entre les choses matérielles et leur esprit, c'est toujours ce dernier qui ordonne, agence, organise et rend harmonieux et humanise ce qui en apparence était opposé, chaotique et désordonné.

C'est ce que montre ainsi l'oeuvre intitulée " L'Ordonnateur ", réalisée pour taquiner l'ordinateur et rendre plus humain par la magie des cauris, des couleurs et des formes le message que la machine ne demande au fond qu'à rendre, à sa manière, aussi humain que possible en mimant et singeant jusqu'à la voix et à la démarche humaine. Mais quelles que soient sa perfection et ses aspirations, la machine ne pourra jamais créer comme l'artiste. Elle ne pourra que recréer même lorsqu'on lui apprendra à improviser.

Nul doute que chez Ousseynou Sarr on sent en le regardant peindre ses toiles; en l'écoutant enseigner à ses disciples plus qu'à des élèves ; en l'entendant parler peinture, poésie, amour, éthique et esthétique avec une telle passion du donner et du recevoir à en perdre le souffle, que ses tableaux constituent, pour lui comme pour nous, beaucoup plus que des objets, des éléments vitaux qui nous relient au-delà du visible aux forces invisibles.

Le peintre n'est pas seulement un mélangeur de couleurs, il est aussi un passeur de vies, tisserand de toutes les lignes d'espérance. Ousseynou Sarr n'est pas un technicien de la couleur, il est la couleur elle-même par sa puissance de rendre visible la lumière du sang

Je me suis toujours demandé, en passant le voir sur les bords de Seine, si son lieu de travail était un atelier de peinture ou un gîte des âmes.
Que vient chercher tout ce monde si différent et si étrangement semblable ? De la couleur peut-être ou la main tendue du peintre qui donne, donne, jusqu'à épuisement. Jusqu'à l'effondrement de son sourire ne le quitte jamais.

La couleur n'est pas seulement un habit de surface, il est aussi sang des mots et sang des sentiments. Ousseynou a su certainement donner avant de savoir peindre. Et c'est dans le don qu'il trouve la matière de son inspiration. Chez lui, la couleur n'est pas donnée. Elle est à la fois liquide et physique, végétale, minérale, tissu de parfums où se mêlent toutes les essences, toutes les déchirures, les morsures et les cicatrices du temps.

Ainsi en raccommodant les fissures du rêve, la plaie des mots et les brisures de couleurs, il fonde le bonheur du monde à partir d'un trait de pinceau. Mais sa peinture n'est pas dans le geste, elle est dans le rêve qui la prolonge. Observez bien ses tableaux et vous verrez qu'il ne peint pas, il construit. Il construit avec tous les matériaux qui lui donne la vie. C'est un bâtisseur monumental comme du temps des pharaons. Il ne cherche pas le chef d'oeuvre mais l'inachèvement de l'acte qui lui donne la joie de recommencer ... et de redonner.

En cela, sa peinture fonde un nouvelle humanisme.

Babacar SALL






La peinture d'Ousseynou SARR montre l'épaisseur de la durée, le dépôt laissé par le temps passé. Comme si l'on ouvrait un regard, une fenêtre sur l'ambiguïté des lignes, des formes, des couleurs ; une région hors de notre mémoire et que nous reconnaissons cependant.

Sa peinture raconte le bruit du monde. De fait, dans cet univers figé et minéralisé nous parviennent les frémissements, les bruissements de la vie ; les esprits de la brousse, les clameurs de la cité perdue enfouie sous la patine et la moisissure du temps...

Ousseynou SARR peint ce ne se voit plus, ce qui est gravé dans la mémoire du monde: la mémoire des plantes, des insectes, des hommes...

Le talent et la force d'Ousseynou SARR, c'est bien de faire venir (on pourrait dire germer) à la surface de la toile, des lignes, des espaces, des couleurs qui évoquent les limbes de régions disparues ou à venir avec lesquelles nous avons de toutes les manières un rapport affectif. Apollinaire disait à propos de certaines phrases de poèmes qu'elles semblaient plus formées par elles-mêmes - comme des concrétions, des stalactites - que construites par la volonté de l'auteur.

Je me souviens de l'exposition des aeuvres d'Ousseynou SARR, un soir de décembre 2000, à l'Espace Saint-Rémi à Bordeaux. Ce fut pour moi, humble amateur d'art, un vrai moment de bonheur et je classais aussitôt ce frère sénégalais parmi les grands, chercheurs de la peinture moderne.

Paul LEFEVRE Bordeaux, le 22 février 2001.









Liens et articles divers : Dossier de VivaBordeaux (31/03/01) :






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